Causes, traitements, prise en charge… La recherche avance dans le domaine du diabète. Dans le cadre d’une nouvelle série consacrée à cette maladie, Pourquoi Docteur a recueilli les propos du Professeur Pierre Gourdy, médecin endocrinologue et métabolismes (Institut Cardiomet /CHU de Toulouse), pour comprendre comment le diabète touche différemment les hommes et les femmes.

« Les données épidémiologiques montrent l’existence de différences entre les femmes et les hommes vis-à-vis de la susceptibilité au diabète et de certaines de ses complications », a expliqué le Professeur Pierre Gourdy, médecin endocrinologue et métabolismes lors du dernier congrès de la Société Francophone du Diabète (SFD).

La prévalence du diabète est supérieure chez les hommes

D’après les chiffres, la prévalence du diabète est ainsi supérieure chez les hommes dans de nombreuses régions du monde. En France, plusieurs données récentes confirment cette prédominance masculine. Tout d’abord, les données issues du Système national d’information inter-régimes de l’Assurance maladie (Sniiram) ont montré, en 2015, une prévalence du diabète traité pharmacologiquement plus élevée chez les hommes (6,1%) que chez les femmes (4,2%), à structure d’âge identique.

D’autre part, les données du Système National des Données de Santé (SNDS) ont permis d’établir, dans la population adulte âgée de 45 ans et plus, une prévalence du diabète égale à 12,1% chez les hommes, contre 8,4% chez les femmes. Enfin, une étude récente permet d’affirmer que cette prédominance masculine s’applique également aux situations de diabète non diagnostiqué (2,7% chez les hommes et 0,9% chez les femmes) et de pré-diabète (13,2% chez les hommes et 7% chez les femmes).

Plus de complications chez les femmes

« Des différences sont, par ailleurs, constatées en matière de risque de complications », poursuit Pierre Gourdy. Si l’on sait que le diabète augmente le risque de présenter un événement cardiovasculaire (infarctus du myocarde ou accident vasculaire cérébral) dans les deux sexes, cet impact est plus marqué chez les femmes (risque multiplié par 3) que chez les hommes (multiplication par 2). « Le diabète semble donc effacer en partie la protection féminine observée avant la ménopause (effet bénéfique des oestrogènes) vis-à-vis de ces atteintes cardiovasculaires », souligne le Professeur. « Cependant, certaines complications telles que la maladie rénale chronique (néphropathie diabétique) ou les troubles trophiques (plaies du pied) sont plus fréquentes chez les hommes que chez les femmes », ajoute-t-il.

En faveur d’une médecine adaptée au sexe des patients

La plupart des organismes nationaux et internationaux, dont le National Institutes of Health (NIH) aux États-Unis, encouragent fortement les efforts de recherche destinés à mieux comprendre ces différences liées au genre et au sexe biologique. En France, l’Académie de médecine s’est, elle aussi, positionnée, en juin 2016, en faveur d’une médecine adaptée au sexe des patients. « Dans les démarches actuelles visant une médecine de précision, il s’agit en effet d’un enjeu majeur pour proposer des stratégies de prévention et de prise en charge du diabète plus individualisées et adaptées au contexte sexuel », juge Pierre Gourdy.

Et de conclure : « pour avancer dans la compréhension de ces différences femmes/hommes, il est important de distinguer l’influence du sexe, qui englobe tous les aspects d’ordre biologique, de celui du genre, qui concerne les aspects comportementaux et sociétaux ».

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