Quand il fait très chaud, redoublez de vigilance si vous êtes sous traitement, car certains médicaments peuvent s’altérer. Faut-il alors les conserver au réfrigérateur ? Comment les transporter en cas de voyage ? D’autres substances accentuent les effets de la chaleur, ce qui peut présenter un risque pour le patient.
Comment conserver ses médicaments en cas de fortes chaleurs ?
La bonne conservation d’un médicament est l’un des premiers réflexes à appliquer après son achat, et ce conseil est d’autant plus important en cas de canicule. Car si aucune condition de conservation n’est généralement indiquée, une exposition prolongée à de fortes chaleurs peut en dégrader certains. Il est donc impératif de regarder sur l’emballage si le traitement nécessite une attention particulière dans ce domaine.
- Pour les médicaments dont la conservation est indiquée à une température inférieure à 25 °C ou 30 °C, l’ANSM, l’Agence du médicament, ne pointe pas de risques particuliers. Il est possible de les conserver dans leur rangement habituel car « des études ont démontré qu’une température élevée pendant quelques jours ne dégrade pas ces médicaments », explique-t-elle.
- Les traitements pour lesquels est indiquée une conservation entre +2 et +8 °C (notamment les vaccins et les antivenins) ne seront pas altérés par la chaleur s’ils sont bien conservés au réfrigérateur. Mais une fois en dehors, il est conseillé de les utiliser rapidement. « Vous devez aussi éviter de les sortir, puis les rentrer s’ils n’ont pas été utilisés : le cycle ‘froid-chaud’ n’est pas recommandé », souligne l’ANSM.
- Les médicaments, sans mention particulière de conservation, peuvent continuer à être conservés à température ambiante : « Pendant les périodes de canicule, les essais de stabilité ont montré l’absence de dégradation après exposition pendant six mois à une température de 40 °C. »
- Les médicaments se présentant sous forme d’ovules, de crèmes, de suppositoires sont sensibles à la chaleur. Soyez attentif à l’aspect du produit à l’ouverture : c’est un bon indicateur du maintien ou non de sa qualité, après avoir été exposé à de fortes températures. N’utilisez pas un médicament dont « l’apparence extérieure est visiblement modifiée ».
Faut-il transporter ses médicaments dans un emballage isotherme ?
Lors du grand départ en vacances,transporter ses médicaments pendant une canicule doit se faire avec précaution.
Les médicaments classiquesse rangent dans un emballage isotherme non réfrigéré, et ceux conservés au réfrigérateur dans un emballage isotherme réfrigéré « tout en veillant à ce qu’ils ne soient pas congelés ». Même sous ce conditionnement, il est important de veiller à ne pas les exposer trop longtemps à des températures élevées, notamment dans les coffres ou les habitacles de voitures exposées en plein soleil.
Dans tous les cas, il est fortement recommandé d’interrompre soi-même le traitement.
La chaleur accentue les effets indésirables de certains médicaments
Certains médicaments « en interagissant avec les mécanismes adaptatifs de l’organisme sollicités en cas de forte chaleur peuvent aggraver les effets de la chaleur, de la déshydration et du coup de chaleur, ou encore provoquer une hausse de la température corporelle.
- Les diurétiques : prescrits aux personnes cardiaques, ils peuvent accentuer la déshydratation. Il est donc recommandé de boire un verre d’eau plusieurs fois par heure.
- Les neuroleptiques : donnés en traitement des troubles mentaux, ils ont tendance à dérégler le thermostat central du corps et peuvent provoquer une augmentation de température (hyperthermie). Là encore, il faut veiller à s’hydrater correctement, à ne pas s’exposer à la chaleur et à brumiser son corps régulièrement si besoin.
- Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINSI) peuvent aggraver le syndrome d’épuisement-déshydratation. Certains, comme l’aspirine, sont vendus sans ordonnance. Il est déconseillé d’en prendre sans avis médical.
- Les antibiotiques de la famille des sulfamides peuvent avoir des effets néfastes sur le fonctionnement des reins.
- Les antiviraux, notamment indinavir, tenofovir, atazanavir, peuvent altérer la fonction rénale.
- Les antihypertenseurs aggravent indirectement les effets de la chaleur.
- Les anti-épileptiques deviennent toxiques en cas de déshydratation, d’où l’importance de s’hydrater régulièrement et de boire au moins 2 l d’eau par jour en cas de forte chaleur.
- Les anti-migraineux ont tendance à diminuer la faculté du corps à transpirer.
De façon générale, les patients doivent demander un avis médical pour les médicaments sans ordonnance. Outre l’aspirine, il est déconseilléde prendre du paracétamol, inefficace pour traiter un coup de chaleur.
Mais le médicament ne représente pas un risque à lui tout seul, d’autres facteurs sont connus pour limiter la capacité de l’organisme à régler sa température, comme un âge jeune ou élevé, une surcharge pondérale ou des pathologies comme une maladie cardiaque, rénale, respiratoire, un diabète, une maladie neurologique ou psychiatrique.
Rappelons aussi qu’il est déconseillé de s’exposer au soleil quand on prend certains médicaments (certains antibiotiques, diurétiques… ) dits photosensibilisants.
Source : ANSM
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